L'inquiétude des amoureux de Mars
ls forment le parti de Mars. Par amour de la Planète rouge, ces militants, réunis par le 6e congrès européen de la Mars Society, du vendredi 20 au dimanche 22 octobre, près de Paris, n'ont pas manqué d'images et de résultats scientifiques pour populariser leur cause. Jamais autant de sondes (trois américaines, une européenne) n'avaient scruté l'objet de leur passion aussi intensivement. La dernière arrivée, Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), de la NASA, à peine installée sur son orbite de travail, vient de commencer à prendre des clichés d'une précision sans précédent.
Ces nouvelles ne suffisent pourtant pas à dissiper l'inquiétude des adeptes de Mars. Fervents partisans des vols habités, ils n'auront touché leur rêve que lorsqu'un astronaute aura posé son empreinte dans la poussière rouge. Or George W. Bush a bien relancé la conquête spatiale américaine avec Mars comme objectif vers 2030, mais au prix d'un très long détour par la Lune.
Pour les membres de l'association, cette étape pourrait se transformer en piège. "Le passage par la Lune peut être utile, dit Richard Heidmann, président de Planète Mars, section française de la Mars Society, créée en 1998 aux Etats-Unis. A condition qu'on ne lui fixe pas des objectifs scientifiques et techniques qui soient irréalistes ou faux. Si le public réalise qu'on lui a raconté des sornettes après lui avoir annoncé, par exemple, la fabrication de médicaments miracles à bord de la Station spatiale internationale, il ne croira plus à l'exploration humaine. Et l'effort vers Mars ne pourra pas être financé."
Pour maintenir la flamme, le lobby de Mars s'appuie sur ses relais américains, comme Michael Griffin, l'actuel administrateur de la NASA, qui participa au comité de pilotage de l'association. Mais ces soutiens ne rassurent pas Robert Zubrin, le fondateur de la Mars Society, qui compte 7 000 membres : "La volonté est trop fragile et le calendrier trop incertain pour que le programme soit à l'abri du moindre changement à la Maison Blanche ou dans l'opinion. Surtout quand on pense qu'il ne s'est écoulé que huit ans entre la décision de Kennedy d'aller sur la Lune et le succès d'Apollo."